La pédagogie ancienne

Au collège Ste Barbe, un professeur interroge le meilleur élève :

 Enfant, dis-moi en quel mois mourut Virgile ?
 Au mois de septembre, mon maître.
 En quel endroit ?
 A Brindsi.
 Quel jour de septembre ?
 Le 9 des Calendes (le 23)
 Drôle, veux-tu me déshonorer devant ces messieurs ? avance-moi ma férule et tends la main pour avoir dit le 9 au lieu du 10 (…) Comment s’appelait le frère de Rémus et comment avait-il la barbe ?
 (…) Romus, d’où le nom de Roma, mais par terme d’affection on le nomma du diminutif de Romulus. Lorsqu’il allait à la guerre, il n’avait pas de barbe ; mais il en portait une longue en temps de paix. C’est ainsi qu’il est représenté en couleurs sur le Tite-Live imprimé à Venise.
(d’après Vivès, écrivain espagnol, 1492-1540)

la pédagogie humaniste

« En nourrice et avant le premier dénouement de ma langue, mon père me donna en charge à un allemand, ignorant tout de notre langue et très bien versé dans la latine (…)
Quant au reste de sa maison, c’était une règle inviolable que ni lui-même, ni ma mère, ni valet, ni chambrière ne parlaient en ma compagnie qu’autant de mots latins que chacun avait appris pour jargonner avec moi (…)
Sans livre, sans grammaire ou précepte, sans fouet et sans larmes, j’avais appris du latin tout aussi pur que mon maître d’école le savait.
Quant au grec, (…) mon père résolut de me le faire apprendre (…) par forme d’ébats ou d’exercices (…) à la manière de ceux qui, par certains jeux, apprennent l’arithmétique et la géométrie. »
Michel de Montaigne, Essais, I, 26, 1580

Le débat a toujours cours...
L’élève au centre du dispositif ou le savoir ?
Quel apprentissage et quel usage de la "culture commune" ?
Grammaire ou imprégnation ?
A l’heure où M. Fillon arrive au ministère de l’Éducation pour "boucler" les réformes en cent jours, il est important que chacun sache se situer dans ce débat... vieux de 4,5 siècles !