Le droit de corriger un élève ?

mercredi 22 février 2006
par  Jean-Claude ROLLAND
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mprécision des textes législatifs, circulaires ministérielles ... entre l’autorité parentale qui serait déléguée aux enseignants et les circulaires du ministère de l’Education nationale, où en est-on de la correction infligée à un élève ?

Un article de Pierre Brice Lebrun dans « Travailler pour l’économie sociale et solidaire » n°26 de février 2006 interroge l’imprécision des textes.
- La loi française n’interdit pas l’usage de la fessée, lorsque l’autorité parentale s’exerce dans le respect à la personne de l’enfant.
- La loi condamne les violences : donc gifles et fessées ne peuvent être données que dans certaines conditions, elles ne peuvent donc être des violences même légères.
- La fessée a pourtant été jugée illégale en 1998 par la Cour européenne des Droits de l’Homme. Le Conseil de l’Europe préconise de limiter le pouvoir de correction.

Donc, en France, à défaut de législation, seules les jurisprudences peuvent aider à y voir un peu plus clair bien qu’elles n’aient pas valeur de lois :
- « Si les châtiments corporels ou même le traditionnel droit de correction ne correspondent plus à l’état de nos moeurs, les parents et les enseignants possèdent toujours, dans un but éducatif un pouvoir disciplinaire pouvant éventuellement s’exercer sur de jeunes enfants sous forme de gifles ou de tapes inoffensives ». (18 mars 1981)
- « les instituteurs ont incontestablement par délégation de l’autorité paternelle, un droit de correction sur les enfants qui leur sont confiés ; mais, bien entendu, ce droit de correction, pour demeurer légitime, doit être limité aux mesures de coercition qu’exige la punition de l’acte d’indiscipline commis par l’enfant ». (Cassation , décembre 1908)

Une circulaire de 1887 interdit les châtiments corporels. En juin1991, faisant déjà suite à de précédentes circulaires, une autre rappelle : « À l’école maternelle... aucune sanction ne peut être infligée » et « À l’école élémentaire... tout châtiment corporel est interdit ».

Circulaires, certes ... Mais à quand une loi ?

Voir aussi : niclaquesnifessees.org

Vous trouvez ici un rapport de Nicole BALDET, "Brutalités et harcèlement physique et psychologique exercés sur des enfants par des personnels du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche", ...


Commentaires  Forum fermé

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corriger un élève ?
mercredi 8 mars 2006 à 10h03 - par  Jean-Claude ROLLAND
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jeudi 12 juillet 2007 à 23h33 - par  Jean-Claude ROLLAND

que pensez-vous des dogmes selon lesquels "l’enfant est au centre de tout","il faut s’adapter à l’enfant","le savoir, c’est comme le sida, ça ne se transmet pas"


Remettons les choses en place en ce qui concerne cette phrase "l’élève au centre du système éducatif" :
- on parle ici d’élève et non d’enfant : un élève, à l’école est celui qui apprend, celui qui est enseigné par un enseignant.
- ce système éducatif est donc au service des apprentissages de cet élève, c’est en cela que l’élève est au centre des préoccupations ; il s’agit d’éducation !

Pour moi, ce n’est pas un dogme, mais l’évidence même. Les savoirs, les connaissances, les compétences, les attitudes de l’élève sont au centre des préoccupations des enseignants et des parents.

En ce qui concerne l’autorité, relire les réponses de ce forum ou encore Autorité et discipline sur ce site.

mardi 10 juillet 2007 à 14h56

Mon expérience n’est pas la votre, alors peut-être incompétent ; par contre je m’efforce d’être objectif. Je ne fais que constater ce que j’ai vécu auprès d’enfant pendant un an en travaillant dans un centre de loisir. Les enfants dont il est question n’était pas du tout issu de quartiers difficiles. Seuleument, on voit que les enfants ont changé et ce constat est fait depuis qu’on a décrété qu’il ne fallait pas déléguer l’autorité parentale aux enseignants c’est-à-dire depuis qu’on a interdit tout droit de correction aux enseignants. Ce n’est pas pour être simpliste pour le pédaguogue que vous êtes mais parfois, une petite correction peut s’avérer nécessaire et peut contribuer à faire autorité. Il serait grand temps que les formations politiques modérées (gauche/droite confondues) en conviennent. Après avoir traverser le temps (dans la Rome Antique, un père avait droit de vie ou de mort sur son fils), le droit de correction a fort heureusement beaucoup évolué ; le temps où le maître usait d’une verge pour un oui ou pour un non montre bien que notre civilisation a traversé, en matière d’éducation un ère autoritaire. Vouloir faire totalement table rase du passé est présomptueux. Le droit de correction tel qu’il se présentait dans les années 80 paraissait équilibré, d’ailleurs mis en place par un gouvernement de gauche.
D’autre part, que pensez-vous des dogmes selon lesquels "l’enfant est au centre de tout","il faut s’adapter à l’enfant","le savoir, c’est comme le sida, ça ne se transmet pas" ; car aujourd’hui on dit que le niveau baisse, n’est-ce pas une question de juste milieu ?

jeudi 24 août 2006 à 09h33 - par  Jean-Claude ROLLAND

Bonjour Vincent,
D’abord, quelques excuses pour cette réponse tardive.

Pour vous répondre, en premier lieu, je vous parlerai de mon expérience (longue, trop longue ?) auprès des enfants et des maîtres.
Par mes fonctions et missions de conseiller pédagogique auprès de jeunes collègues « inexpérimentés », je suis amené à me rendre dans de nombreuses classes maternelles et élémentaires d’une ville dont la plus grande partie de la population scolaire est issue de Zone Urbaine Sensible et scolarisée en Zone d’Education Prioritaire.
Ces classes dont vous parlez, violentes, agressives, indisciplinées, dans lesquelles les « bons » élèves ne peuvent apprendre, les maîtres étant tout à la fois impuissants, démissionnaires, laxistes et dénigrant eux aussi l’autorité, n’existent pas !
Ces jeunes maîtres installent dans leur classe des ambiances sereines de travail, respectant l’enfant et l’élève. Les équipes pédagogiques, les directeurs d’écoles, les partenaires contribuent largement à ces réussites et ce sans remise en question des valeurs républicaines de l’Ecole. L’autorité des enseignants y est reconnue par les élèves.
Ensuite, vous opposez, comme beaucoup, un « pédagogisme » dangereux, sorte d’idéologie soixante-huitarde attardée, qui se complairait dans des situations d’indiscipline au nom de dogmes n’apportant aux élèves que peu de savoirs et de connaissances et une école « Républicaine » qui ne tolérerait aucune indiscipline. Cette vision rétrécie et manichéenne de l’école d’aujourd’hui est à mon avis plus que stérile, ne permettant en aucun cas une quelconque perspective d’observation de la réalité des classes.
Je finirai en décrivant les attitudes et comportements d’élèves dans des classes de ces maîtres que certains décriraient comme « idéologues ». Ce sont dans ces classes que les élèves ont l’autonomie la plus grande : ils se lèvent, recherchent dans des ouvrages mis à leur disposition, utilisent les Tice, gèrent leur travaux individuels, débattent, s’entraident, coopèrent… Mais c’est aussi dans ces classes que l’autorité du maître est incontestée, la discipline plus respectée, les lois et règles de vie appliquées : en effet l’autonomie gagnée par ces élèves est totalement contraire à l’anarchie et à l’indiscipline.
Dernier point, les violences faites aux élèves et les maltraitances, de mon point de vue inacceptables, ne sauraient être que de mauvaises réponses à des problèmes mal analysés par des adultes incompétents.
Cordialement,
JCR

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jeudi 3 août 2006 à 13h57 - par  vincent

Le rapport sur la maltraitance de l’éducation nationale parle d’impuissance, de professeur peu expérimentés. Peut-être que certains d’entre eux ont estimé "qu’il ne fallait pas laisser passer ça" et ont décidé de donner une petite correction.

Un spécialiste de l’éducation nationale qui a rédigé un dossier sur la sanction à l’école a dit, et je suis tombé des nues, que l’indiscipline est quasi-généralisée dans notre pays. Dans la partique, les élèves ne sont plus véritablement tenus. Est-ce la loi d’orientation de 1989 ? L’interdiction stricte du droit de correction, qui n’était que toléré dans les années 80 ? Il serait immature et irresponsable d’occulter ces 2 questions. J’ai eu une petite expérience personnelle auprès d’enfant dans une école primaire. Au début, on ne s’en aperçoit pas mais au fil du temps, on se rend bien compte que l’autorité est largement dénigrée.

Peut-on toujours imputer la violance à l’école à la misère sociale (ceux qui en sont victime portent des chaussures à 100 €...) ; qui donc aura le courage de dire qu’il s’agit aussi d’un mmanque d’autorité, d’ordre et d’imprégnation du règlement intérieur ? Comme il y aura toujours du chômage, on pourra toujours tous justifier, même les pires déchaînements de violance, au risque de les cautionner.

Est-il vrai que l’institution scolaire serait mené en parti par des idéologues qui se complaisent dans le politiquement correct et l’angélisme, sans remise en question des dogmes colportées notamment en mai 68 ?

Merci de m’apporter votre point de vue.