La BD à l’école (1)
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n 2002, puis en 2004 apparaît au sein de la liste d’œuvres de littérature préconisées au Cycle III un certain nombre de bandes dessinées. Ceci entérine que ce genre jadis si décrié soit enfin considéré comme de la littérature et que ces cartoonistes, dessinateurs et scénaristes obtiennent enfin à l’école le statut d’auteurs.
Dès 1995, l’étude et la création de BD sont prévues dans les programmes de 3ème. Les programmes de 2002 vont bien au-delà et la BD devient à la fois support d’apprentissage et objet d’étude.
A travers différents champs disciplinaires, littérature, observation réfléchie de la langue, arts visuels, histoire, géographie, sciences l’école élémentaire sera donc avantagée puisqu’au secondaire ces disciplines sont cloisonnées et rares sont les professeurs de français et d’histoire qui mènent un projet d’écriture de BD en commun. Il arrive parfois que le « professeur de dessin » soit chargé de manière un peu décrochée du projet de la mise en image d’un scénario et d’un script conçu en français.
Littérature, disions-nous ? Ces travaux d’études, d’analyses, de création de bandes dessinées permettront d’organiser et penser la classe, de favoriser les travaux d’équipe et de groupes, de gérer et faire gérer par les élèves le temps, les durées, les différentes échéances des projets, de réinvestir leurs compétences en recherche documentaire, en lecture, ...
Quelques éléments d’études et d’analyse de la BD : une lecture pour un savoir culturel.
La planche elle-même : graphiquement bien sûr mais aussi sa mise en page, les unités de temps, lieu, espace
Le découpage : scène par scène, plan par plan, quels sont les intentions du scénariste ?
Les images : Ces vignettes, les cases sont-elles de simples images séquentielles ? Vision simpliste. Que ce soient les relations (temporelles, narratives, esthétiques, ...) entre les cases d’une planche, entre l’action décrite graphiquement et le texte, que ce soient leurs formes, leur agencement dans la page, les plans utilisés (général, panoramique, américain, gros plan, ...) ou les cadrages et angles de vue (plongée, contre-plongée, champs/contre-champ, ...), leur esthétique, ... il s’agit d’abord d’une lecture codifiée complexe. L’ensemble des interactions icônes, langage, sons, ... constitue les éléments d’observation de la langue de l’auteur, aidant à s’approprier le sens de l’œuvre et du message. Ces codes sont des codes culturels.
Le texte / les images : le rapport texte - images et les interrelations entre eux (relations iconotextuelles) : les bulles (phylactères) peuvent y varier en taille, significations, ... : pensées, voix off, rêves, dialogues, monologues. Elles peuvent ne pas contenir de textes ... Il existe nombre de BD sans bulles et sans textes dans lesquelles les images priment et constituent d’elles-mêmes le schéma narratif.
On prendra ici comme exemple l’excellent « Gon » de Anaka qui démontre s’il en était besoin que le manga est loin d’être un genre mineur.
l’espace inter iconique, mot barbare désignant les gouttières, l’inter case : certains auteurs l’utilisent et jouent avec en laissant le lecteur s’y perdre, en l’y invitant ...
Les marges peuvent aussi être utilisées. Franquin y adorait jouer en particulier avec ses signatures ...
Les bruits, ces fameuses onomatopées qui peuvent à la fois traduire sons, mouvements, sentiments prendront dans quelques planches une part importante de l’image, qu’elles soient incluses dans les bulles ou bien qu’elles fassent partie intégrale de l’image.
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