A propos des dispositifs de Réussite Educative

Et pour en débattre ...
jeudi 18 mai 2006
par  Jean-Claude ROLLAND
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our tenter d’y voir plus clair dans ces Dispositifs de Réussite éducative (dRE) dont l’ambition affichée est d’accompagner individuellement l’enfant qui présente des difficultés scolaires ou autres...
Et surtout pour en débattre ...

La note de cadrage pour la mise en oeuvre du programme « réussite éducative » publiée en avril 2005 par le ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement (délégation interministérielle à la ville (DIV)) devant, dans le cadre du Plan de Cohésion sociale, être appliquée dès la rentrée scolaire 2005 est le texte de référence.

L’ambition affichée de ces Dispositifs de Réussite éducative (dRE) est d’accompagner individuellement l’enfant qui présente des signes de fragilité et a besoin d’être aidé dans le temps, celui qui a besoin d’un plus ... Les dRE sont donc conçus pour permettre un suivi individualisé à la maternelle comme au collège.

Mobilisant donc un collectif coordonné au niveau local, souvent au niveau de la commune et de la caisse des écoles, de professionnels sociaux et sanitaires, les enseignants, .. ces dRE peuvent permettre un accompagnement hors temps scolaire et un soutien aux parents. Ils devront assurer une évaluation des mises en oeuvre au regard des situations individuelles des enfants.

Quels repérages au niveau des établissements scolaires ?

Un document de la DIV sollicite la collaboration de nombreux membres de l’Education Nationale : médecins scolaires, conseillers d’orientation psychologues (CoPsy), RASED, enseignant, conseiller principal d’éducation (CPE), directeurs, chefs d’établissement, IEN qui pourront décider d’orienter l’enfant repéré vers un DRE après une autorisation parentale.

Et ensuite ? Quelles actions ?

Equipes de réussite éducatives, plates-formes de réussite éducative réunies sous le même vocable "équipes pluridisciplinaires de soutien" composées de professionnels de l’éducation national, sociaux et sanitaires, rééducateurs, intervenants, ...la liste n’est pas arrêtée par la note de cadrage) et associations reconnues devront adopter une charte de confidentialité puisqu’il s’agit d’une politique individualisée, personnalisée et ciblée sur des mineurs.

Dotées de moyens financiers conséquents (300 000 € sur Epinay-sur-Seine par exemple), elles devront proposer des actions à mettre en oeuvre au conseil d’administration de la structure juridique (souvent Caisse des écoles) et au Conseil consultatif de réussite éducative (IA, représentant de l’Etat désigné par le préfet, Maire, Conseil général, chefs d’établissement, Caisse d’allocation familiale, DASS, ...)

A part les internats de réussite éducative dont on mesure encore peu l’efficacité et dont on espère une réelle mixité sociale, les actions restent modestes et rien n’assure leur pérennité :
- accompagnement périscolaire par des associations (par exemple "Clubs coup de pouce", étudiants de l’Afev, ...)
- aide aux devoirs
- psychologues dans les collèges
- médiateurs de langue
...

Inquiétudes, méfiance et espoirs ...

Les équipes enseignantes, réagissant contre l’idée de repérer des élèves, de les lister et d’en informer ensuite les dispositifs de réussite éducative gérés en partie par les communes, s’inquiètent. En effet comment ne pas penser que les projets personnalisés de réussite éducative (voir ppre sur ce site) ne s’articulent pas avec ces dispositifs ?

Le Décret n° 2005-1014 du 24 août 2005 souligne

«  Le projet d’école définit les modalités particulières de mise en oeuvre des objectifs et des programmes nationaux ; il précise pour chaque cycle les actions pédagogiques qui y concourent ainsi que les voies et moyens mis en oeuvre pour assurer la réussite de tous les élèves et pour associer les parents ou le représentant légal à cette fin. Il organise la continuité éducative avec les activités proposées aux élèves en dehors du temps scolaire, notamment dans le cadre des dispositifs de réussite éducative.  »

Le Décret n° 2005-1013 du 24 août 2005 précise

« Un dispositif de soutien proposé par le chef d’établissement aux parents ou au représentant légal de l’élève, lorsqu’il apparaît que ce dernier risque de ne pas maîtriser les connaissances et compétences indispensables à la fin d’un cycle. ... Ce dispositif définit un projet individualisé qui doit permettre la progression de l’élève et son évaluation. Les parents sont associés au suivi de ce dispositif. Le programme personnalisé de réussite éducative prévu par l’article L. 311-3-1 du code de l’éducation est mis en place dans ce cadre. Il s’articule, le cas échéant, avec un dispositif de réussite éducative  »

Cette articulation est perçue à la fois comme une externalisation des missions de l’école et peut-être aussi comme le signe que les écoles montreraient de l’échec de la mise en oeuvre des politiques des ZEP.

De plus, en quoi cette individualisation des aides et des accompagnements pouvant être apportés aux élèves ne finirait-elle pas par définir des parcours scolaires individualisés, personnels ? Est-ce ici la fin du collège pour tous ?
L’apprentissage à 14 ans contre lequel de nombreux enseignants s’élèvent n’est-il pas d’abord un parcours scolaire individualisé ?

Les missions des Réseaux d’aide créés pour aider les équipes à faire face à la diversité des besoins des élèves s’inscrivent dans une dynamique bien plus collective et ce quelque soit les modalités de prise en charge (maître E, maître G ou psychologue scolaire). Et pallier aux manques de moyens de l’éducation nationale que ce soit à l’école ou au collègue par des vacations de psychologue, des aides aux devoirs, du soutien péri-scolaire apparaît comme un emplâtre sur une jambe de bois.

C’est pourquoi et on ne saurait les blâmer les collègues lassés du manque de moyens attribués à la médecine scolaire, aux réseaux d’aide, ... peuvent être amenés à se tourner vers ces dispositifs de réussite éducative qui eux ne semblent pas en manquer. Bien évidemment, cela coûte moins cher de rechercher ces vacations de psychologues, de travailler avec ces associations bénévoles, ou de rémunérer pour un temps des médiateurs que de créer les emplois bien plus pérennes nécessaires.


Voir en ligne : le site réussite.educative.net qui contient de plus amples informations, des exemples de mises en oeuvre, ...



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