Lettre ouverte au Maire d’Epinay, aux candidats aux élections municipales

mercredi 16 octobre 2013
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Lettre ouverte rédigée à l’initiative du comité d’Epinay du Parti Ouvrier Indépendant et transmise par mail au site eppee.ouvaton.org par le secrétaire, Gilles PARCABE.

Lettre ouverte
- à Hervé Chevreau,
- aux conseillers municipaux,
- aux candidats aux élections municipales de mars 2014

Monsieur le Maire, messieurs les conseillers, messieurs les candidats,

allez-vous appliquer les nouveaux rythmes scolaires aux enfants d’Epinay ?

Le 12 février 2013, les enseignants, appuyés par les parents et le plus souvent par les personnels communaux concernés, étaient massivement en grève (jusqu’à 90% dans certaines écoles) dans l’unité à l’appel de 5 fédérations syndicales pour le retrait du décret Peillon du 24 janvier instaurant les nouveaux rythmes scolaires en primaire. Ils manifestaient leur inquiétude et leur refus de voir l’école républicaine totalement disloquée dans le cadre de « projets éducatifs de territoire » que chaque maire doit dorénavant mettre en place.

Aujourd’hui, quelques semaines après la rentrée des classes, les faits sont là.

Partout où elle a été mise en place, tous les témoignages de parents, d’enseignants, de personnels confrontés à la réforme des rythmes scolaires concordent : c’est une catastrophe pour les enfants ! C’est le chaos, l’insécurité, le manque de personnel.

A Paris : Une enseignante explique :
« les enfants ne savent plus du tout ce qu’ils viennent faire à l’école ».

Une autre :
« L’enfant perd ses repères et les frontières entre l’école et les activités périscolaires sont floues ». « Les enfants sont fatigués, déboussolés ». « Ils ont des difficultés à se concentrer sur les apprentissages ».

Quant aux enfants de maternelle,
« ils sont réveillés en pleine sieste pour aller aux activités ; ils sont complètement perdus ».

Un père d’élève explique :
« les animateurs sont en nombre insuffisant, les personnels sont peu formés voire pas formés du tout, donc il y a beaucoup de garderie, de jeux dans la cour ou sous le préau et donc beaucoup de confusion ».

Selon une directrice :
« L’école est devenue un véritable hall de gare ! ».

Dès le 4 septembre, poursuivant le combat engagé l’an dernier pour mettre en garde le maire de Paris contre les conséquences du décret, les syndicats FSU, FO et SUD ont adopté un vœu lors du comité technique académique (CTA) qui « demande au recteur de suspendre le dispositif portant sur l’organisation des nouveaux rythmes scolaires ».

A Aubervilliers, ce 3 octobre, les instituteurs avec leurs syndicats SNUIPP-FSU, SNUDI-FO, CGT, SUD, étaient à 90% d’entre eux en grève (22 écoles sur 31 étaient fermées). A leurs côtés, dans l’unité se trouvaient les parents et les délégués FCPE, les agents territoriaux et leur syndicat CGT - qui étaient déjà en grève deux jours plus tôt.
Dans la délégation de plus d’une centaine de personnes que le maire a dû recevoir, ils ont expliqué :
« les enfants sont épuisés, des horaires totalement décalés d’un jour à l’autre ; les emplois du temps sont chahutés, et sont nocifs pour les enfants ; le périscolaire empiète sur le scolaire ; les Rased ne peuvent plus fonctionner ; c’est l’insécurité, les écoles sont ouvertes à tous vents ».

Tous, les uns après les autres, exigent la suspension immédiate et l’abrogation de ces nouveaux rythmes scolaires.

Monsieur Chevreau, la loi Peillon de refondation de l’école, c’est la mise en place du projet éducatif de territoire (PEDT) qui doit être généralisée à l’ensemble des écoles du pays en septembre 2014.

Ce PEDT fait éclater le cadre républicain de l’école en mettant en cause le droit égal d’accès à l’instruction publique et laïque sur tout le pays.

C’est la « territorialisation  » de l’école, avec des projets différents d’une ville à l’autre, voire d’une école à l’autre, qui s’inscrit totalement dans le cadre de l’acte III de la décentralisation et de la métropolisation que vous dénoncez.

M. le Maire, vous avez refusé l’application de cette réforme à la rentrée 2013.

Vous avez décidé d’engager une consultation pour la mise en place de cette réforme à la rentrée 2014. Mais quoi qu’il sorte des questionnaires, groupes de travail et comités de pilotage, à Epinay, comme à Paris, vous avez le pouvoir de refuser de mettre en oeuvre cette « réforme » qui est un vrai danger pour les enfants.

Comme à Aubervilliers et partout où elle est mise en oeuvre, les parents, les enseignants sont inquiets et ne veulent pas de cette réforme.

Car chacun sait bien que le désastre actuel ne relève pas simplement d’une mauvaise organisation ou d’une mise en oeuvre trop rapide comme on voudrait le faire croire.
Cette réforme est une atteinte au droit à l’instruction publique nationale, « un virus introduit dans le système qui est en train de tout pourrir » comme le dit un directeur d’école.

M. le Maire, messieurs les candidats : Est-ce ce chaos que vous voulez pour les enfants d’Epinay à la rentrée 2014 ?

Nous vous demandons de ne pas la mettre en application.

L’école publique relève de la République, pas des territoires !
- Suspension immédiate de la réforme !
- Abrogation du décret et de la loi de refondation de l’école !
- Non à la « territorialisation  » de l’école !
- Non à la mise en place de la réforme des rythmes scolaires à Epinay !
- Rétablissement des postes, des RASED supprimées !

Lettre ouverte rédigée à l’initiative du comité d’Epinay du Parti Ouvrier Indépendant et transmise par mail au site eppee.ouvaton.org par le secrétaire, Gilles PARCABE.