Faire lire 10 livres par an au cycle 3
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Je ne résiste pas à la tentation de vous raconter ce que j’ai vu à l’école Joliot-Curie de Soisy-en-Brie...
L’instit. de CM1 est parti de l’idée que l’introduction de la littérature au cycle 3 dans les nouveaux programmes répondait à trois objectifs majeurs de la part des concepteurs des programmes 2002 :
1. initier les élèves à l’étude d’une œuvre littéraire, à découvrir sa construction, le style de l’auteur, le genre de l’œuvre etc. ;
2. donner le goût de la lecture aux élèves grâce à la multiplication des livres lus et aux échanges qui peuvent avoir lieu entre élèves à leur propos ;
3. fonder une « culture commune » par l’acquisition d’une somme de références littéraires et culturelles communes et par la prise de conscience des élèves de ce patrimoine commun.
Se fondant sur l’obligation pour les élèves de lire 10 œuvres par an, il a proposé à ses collègues enseignants de cycle 3 de l’école et de l’autre école du REP d’organiser un rallye-lecture sur les principes suivants :
Dans chaque classe participante, les élèves sont informés de la liste des œuvres prévues par les programmes (œuvres pouvant être lues dans le cadre de ce projet).
Les élèves sont libres de lire chacun le livre qu’il souhaite. L’important est d’en lire le plus grand nombre.
Chaque livre lu par un élève fait l’objet de sa part d’une communication orale (env. 15 min) à la classe et d’une mini-fiche de lecture reprenant références, résumé et intérêt de l’ouvrage. Ceci est « pris » sur l’heure quotidienne de littérature prévue aux programmes officiels.
Chaque jour, ce sont donc deux élèves qui présentent chacun un livre, suivant un calendrier pré-établi. En une période (entre deux vacances), chaque élève a présenté deux livres, un lu pendant les vacances, l’autre après.
Les présentations par les élèves n’occupant qu’une demi-heure par jour, l’instit. consacre en principe l’autre demi-heure à l’étude d’un aspect d’une des œuvres (quel genre d’ouvrage, de roman, quel style, place des dialogues, éléments du décor, etc.). Ce passage était choisi, en début d’année, par l’enseignant. Depuis (nous sommes en avril), ce sont les élèves qui choisissent eux-mêmes ce qu’ils estiment être « l’extrait caractéristique. » Parfois, il est intéressant, parfois moins. Mais c’est la classe qui en discute. Parfois aussi, la classe commente les illustrations, compare deux livres lus... En un mot, cette demi heure est un moment de discussions sur les livres. Moment d’expression orale, certes, mais aussi grand moment de littérature, moment où le goût de la lecture peut être communiqué, moment d’enrichissement mutuel, de construction d’une culture commune... et de prise de conscience de cette richesse commune.
Le fond d’ouvrages de la BCD de l’école et de la BM ne couvrant pas les quelques centaines de références prévues, ce ne sont finalement que 70 à 80 livres qui seront lus par au moins un élève de la classe (l’année n’étant pas terminée, il est encore difficile de savoir combien exactement).
Il se passe la même chose dans les autres classes de cycle 3 du REP participantes. Les livres des BCD des deux écoles étant sensiblement les mêmes, c’est moins d’une centaine de livres qui auront été lus par au moins un élève du REP.
Chaque enseignant disposera donc des fiches de lecture des élèves sur chacun des ouvrages lus.
Ces fiches vont être regroupées et serviront de base aux enseignants pour former des questions sur ces ouvrages.
Le jour du grand rallye (début juin), les élèves navigueront de stand en stand, regroupés par équipes de 6 ou 7 élèves.
Sur chaque stand, cinq questions seront posées à l’équipe (à priori, ce devraient être des QCM pour une vérification des réponses plus aisée.
Les stands sont de plusieurs genres :
1. stands posant des questions sur les récits eux mêmes (qu’arrive-t-il à tel personnage à tel moment dans tel livre ?)
2. stands posant des questions sur les illustrations
3. stands posant des questions sur la nature des ouvrages (tel titre d’ouvrage est-il celui d’un roman policier ou d’un album ?)
4. stands posant des questions sur des situations (dans quelle oeuvre un personnage se fait-il avoir par un flatteur ?)
Il est évident que les élèves ne pourront pas répondre à toutes les questions puisqu’aucun élève n’aura lu tous les livres du rallye. Mais les membres d’une équipe pourront s’entraider et plus ils auront lu et plus ils auront de chances de répondre aux questions.
L’année prochaine, il est prévu que ce soient les élèves des classes eux-mêmes qui préparent les questions. Mais les modalités restent à prévoir. Les collègues attendent de voir comment tout cela se déroule cette année.
L’expérience me semble intéressante à suivre dans la mesure où, en s’appuyant sur un projet commun, elle donne l’occasion aux enseignants participants de s’inscrire réellement dans la mise en place des programmes 2002 en littérature en respectant les volumes horaires prévus (entre 4h30 et 5h30 par semaine).
D’une façon générale, chaque élève a lu un livre par période de vacances scolaires (Toussaint, Noël, février, Pâques, W-E de mai) et un livre par période intermédiaire.
Il a aussi été décidé d’établir une sorte de fichier des œuvres lues par chaque élève pour éviter qu’il ne relise les mêmes livres l’année prochaine, lors du prochain rallye.
Tout cela aura nécessité de la part les enseignants participants une volonté constante et permanente :
de tenir ce volume d’une heure quotidienne sur la littérature, avec deux présentations de livres par jour (2 x 15 minutes) ;
de lire au préalable une quinzaine de livres (romans, albums, BD etc.), pour sélectionner les extraits à étudier en classe les 3 ou 4 premières semaines du projet.
C’est avec impatience que j’attends le mois de juin pour voir comment se sera déroulée l’opération. Le seul problème est que Soisy-en-Brie n’existe pas !
Alain Izzet
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