France 2, Sauver les lettres même combat.

Ils ne savent plus lire ...
mercredi 16 novembre 2005
par  Jean-Claude ROLLAND
popularité : 10%

Hier soir.
France 2 : 20 heures
Edition du mardi 15 novembre 2005
Dossier : enseignement B.A. BA

Encore !!! L’école est donc cause de tous les maux !!!

J’ai lu il y a quelques jours un éditorial d’Yves Thréard
[31 octobre 2005] dans le Figaro. L’éditorialiste y concluait :
« Entre prévention et répression, depuis vingt ans, les responsables politiques cherchent des réponses aux violences urbaines. Trop souvent, elles sont malheureusement frappées du sceau de l’électoralisme. Or le problème doit être appréhendé à la base. L’une des solutions est sans doute dans la reprise en main de notre système éducatif. Vaste chantier. » ... Pas mal, non ?

France 2 en rajoute une couche.

Retranscription de l’édition du 15 novembre du journal de 20 h présenté par D. Pujadas.

D.Pujadas :
... et à l’heure où on parle beaucoup de l’échec scolaire, ce débat qui prend de l’ampleur, de plus en plus d’enseignants du primaire rejettent la pédagogie moderne et l’idée aussi qu’un instituteur doit être un animateur. Ils souhaitent revenir aux vieilles méthodes, notamment pour apprendre l’écriture et la lecture... S’agit-il de la lubie d’une poignée de nostalgiques ? Pas sûr. En tout cas les anciens manuels sont ressortis du placard. C’est le dossier de cette édition, il est signé A.Guery, A. Tribouart., L. Desbois. :

Journaliste :

On pourrait croire qu’elle collectionne les vieilleries, des ouvrages sur l’école, des manuels d’apprentissage, que des vieux livres ... sauf que pour cette jeune institutrice de CE1, ces pièces de musées sont des précieux outils de travail, elle s’en inspire pour préparer ses cours de lecture. (plan sur l’écran de l’ordinateur, voir ci-contre)

Une jeune enseignante (R. Boutonnet) :

- Alors, ça c’est un manuel qu’on appelle le B.(inaudible), c’est grammaire, conjugaison, orthographe ...

Journaliste

- Il date de quand ?

- Il date, ... cette édition là est de 1950 ...

- Et c’est pas trop vieillot ça pour enseigner ?

- C’est vrai, c’est objectivement vieillot, parce que le livre a quand même 50 ans passés, mais moi je le trouve vraiment bien ...

Journaliste :

Bien pour elle, c’est la méthode syllabique simple et logique, qui dans les années 50 apprenait à lire.

(images d’une classe, en noir et blanc, non datées) : « Deuh et U : Du ; Teuh et O : To »

Journaliste :
(images d’une classe d’aujourd’hui)
Et voilà ce qu’elle rejette en bloc : la méthode globale où l’on ingurgite des mots par cœur pour s’initier à la lecture.

Rachel Boutonnet enseigne comme dans le temps : on apprend, on répète, on s’exerce et on recommence. Cela paraît frappé au coin du bon sens, mais voilà ce n’est pas dans l’air du temps.

R.B. :

- Moi, au bout de 5 ans, je m’aperçois vraiment que il faut répéter et répéter, refaire faire et refaire faire et que il n’y a que comme ça qu’un jour c’est rentré. Et on n’est pas censé les faire rabacher, travailler, s’entraîner, s’exercer. Ca c’est censé est trop ennuyeux, mécanique...

Journaliste :

Rachel Boutonnet refuse donc les grands projets ludiques comme le théâtre ou autres conseillés par l’Education Nationale pour faire avaler la pilule des apprentissages. Faut-il voir un lien de cause à effet, en tout cas, il nous a été interdit de filmer dans la classe où elle enseigne.

Selon ses collègues, on lui fait payer d’être à contre-courant.

Prisca T., institutrice :

- Elle a été sanctionnée, la première inspection qu’elle a eu. C’est tous ses élèves de CP savaient lire courant mars, ce qui est remarquable pour un CP. C’est agréable de récupérer des CE1 qui savent tous lire. Et parce qu’elle n’appliquait pas la méthode recommandée par « en-haut », à savoir la méthode globale, elle a été, elle a eu un mauvais rapport.

Journaliste :

Dans cette école de ZEP, zone d’éducation prioritaire, R. B. n’est pas une exception. Pour venir à bout des élèves qui peinent en CP, les institutrices reviennent à l’enseignement pur et dur sans trop de fioritures.

Corale.B. institutrice :

- Les enfants savent pourquoi ils sont à l’école : ils sont là pour apprendre à lire, ils sont là pour apprendre à écrire, ils sont là pour apprendre à compter. De temps en temps, on nous dit, il faut que tout passe par le jeu, tout passe par d’autres choses. Mais les enfants savent très bien pourquoi ils sont là, ils se leurrent pas. Moi, la grammaire rigolote, je cherche encore et ... (rires)

Journaliste :

Quant aux parents, s’ils furent surpris en début d’année par l’exigence de cette maîtresse, ils furent finalement conquis. Leurs enfants au CP ont appris des textes d’auteurs.

Christelle M., mère d’élève :

- Les poésies étaient très très dures, c’étaient des poésies d’adultes et non pas des poésies pour enfants comme on a l’habitude de voir. Son frère qui était 2 classes au dessus n’avait pas du tout les mêmes poésies. Et en fin de compte, niveau vocabulaire, niveau leçon, etc. ils ont beaucoup appris.

Journaliste :

La morale de l’histoire, c’est cet inspecteur aujourd’hui à la retraite qui nous la livre. Et si l’école à force de vouloir être attractive, n’osait plus aller à l’essentiel.

Henri B., IA à la retraite :

- Le précepte actuel, c’est vouloir que l’enfant s’épanouisse, mais on veut qu’il s’instruise. C’est donc suivre ses intérêts, suivre son plaisir, suivre ses goûts, et donc il ne faut rien lui imposer.

Journaliste :

Dans les librairies, les ouvrages abondent pour défendre le retour au b.a.-ba. Leurs auteurs, des enseignants, qui dénoncent les dérivent des nouvelles pédagogies responsables disent-ils de l’échec scolaire.
(A l’image, « Elèves sous influence » de B.Lefebvre et E. Bonnivard, « Et vos enfants ne sauront pas lire ... ni compter » de M. Le Bris, « Pourquoi , Comment j’enseigne le b.a.-ba » de R. Boutonnet, « Les secrets de l’école d’autrefois » de Michel Jeury, « La fabrique du crétin » de JP Brighelli).

En sixième 30% des élèves ne savent pas lire.



Commentaires  Forum fermé

Logo de Jean-Claude ROLLAND
> France 2, Sauver les lettres même combat., Alain Gest et de Robien ?
jeudi 1er décembre 2005 à 19h16 - par  Jean-Claude ROLLAND

Lu sur le blog d’Alain Gest, député UMP sarkoziste :

N’empêche que la liberté pédagogique semble encore bien illusoire si l’on en juge par une récente enquête de France 2, interdite de reportage dans la classe d’une institutrice ayant recours à la méthode syllabique. En m’appuyant sur les « outils » législatifs existants, j’ai interrogé, mercredi, l’actuel Ministre de l’Education, Gilles de Robien, pour savoir comment il comptait faire appliquer la loi. Divine surprise que sa réponse : « la méthode globale est néfaste et doit cesser d’être utilisée ». Avis aux Recteurs, Inspecteurs d’Académie et Inspecteurs de circonscription qui doivent désormais faire passer la volonté ministérielle dans les faits. Quant au Gouvernement et au Parlement, il leur reste à intégrer cette grande nouvelle dans le cahier des charges de l’incontournable réforme des I.U.F.M. afin de nous garantir, dans l’avenir, l’arrêt de la « casse » de générations d’enfants.

Logo de Jean-Claude ROLLAND
jeudi 1er décembre 2005 à 19h27 - par  Jean-Claude ROLLAND

La question à l’assemblée de Gest à De Robien :

APPRENTISSAGE DE LA LECTURE

M. le président. La parole est à M. Alain Gest, pour le groupe UMP.
M. Alain Gest. Monsieur le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, il y a quelques semaines, au cours d’une conférence de presse, vous avez rappelé à juste titre que l’éducation nationale avait pour mission de garantir l’égalité des chances. C’est dans cet esprit que la loi d’orientation et de programmation pour l’école, que nous avons votée il y a quelques mois, a prévu de s’asseoir sur un socle de connaissances. Je n’en rappelle pas tous les éléments, mais cinq d’entre eux sont essentiels, dont le premier est la maîtrise de la langue française. Il est évident que, pour y parvenir, il ne faut surtout pas rater la phase d’apprentissage de la lecture. Or, à ce sujet, les critiques portent de plus en plus sur la méthode d’apprentissage dite " globale ", puis " semi-globale "...
M. Patrick Roy. Oh ! là ! là !
M. Alain Gest. ...qui provoque des résultats pour le moins critiquables.
Les inspecteurs, ainsi que des enseignants toujours plus nombreux, se prononcent. Selon une étude récente réalisée par des orthophonistes, dont l’activité s’est considérablement accrue, ceux-ci reconnaissent que la plupart des cas qu’ils traitent ne relèvent pas de handicaps naturels, mais plus certainement des méthodes employées. Les parents d’élèves sont parfois obligés de laisser leurs enfants compléter leur formation à la maison, grâce à la méthode syllabique, pour apprendre à lire.
L’article 48 de la loi d’orientation pour l’école consacre la liberté pédagogique des enseignants. Par ailleurs, dans le rapport annexe que nous avons voté, nous avons souhaité, à la demande de notre collègue Geoffroy, que tous les enseignants soient informés des méthodes qui avaient déjà fait leurs preuves. Cela ne semble être le cas aujourd’hui ni de la liberté du choix de la méthode ni de l’information systématique, comme en témoigne un reportage diffusé la semaine dernière sur une grande chaîne nationale de télévision.
Monsieur le ministre, comment comptez-vous faire appliquer l’article 48 de la loi ? Peut-on espérer que l’efficacité de la méthode syllabique fera l’objet d’une expérimentation significative et que cette question fondamentale sera abordée dans le cahier des charges de la réforme - indispensable - des IUFM ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.)
M. Émile Zuccarelli. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
M. Gilles de Robien, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Quel que soit le nom qu’on lui donne, la méthode globale, tous les spécialistes le disent aujourd’hui, est nocive. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur quelques bancs du groupe socialiste.) J’indique donc en toute tranquillité qu’elle doit être abandonnée. (" Bravo ! " sur plusieurs bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.) La méthode qui consiste à immerger l’enfant dans un mot, dans une phrase, dans une hypothèse, pour essayer de retrouver un mot mémorisé se révèle parfois être une véritable noyade !
L’apprentissage de la lecture doit commencer par la reconnaissance des sons, qui forment une syllabe pour ensuite former un mot et, enfin, donner l’accès au plaisir de lire, ce qui est la vraie récompense aux efforts consentis par les jeunes. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire et sur de nombreux bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
M. Émile Zuccarelli et M. Jacques Brunhes. Très bien !
M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les maîtres doivent se sentir libres d’appliquer la méthode traditionnelle, et le b.a-ba - c’est le cas de le dire ! -, c’est qu’ils ne doivent en aucun cas être sanctionnés s’ils y ont recours, et je veillerai à ce qu’il en soit ainsi. Ce qui compte, c’est l’efficacité de la méthode et le résultat, et c’est à cela que les inspecteurs doivent veiller. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire et sur de nombreux bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
M. André Schneider. Donnez des instructions en ce sens !

Logo de Jean-Claude ROLLAND
> France 2, Sauver les lettres même combat.
lundi 21 novembre 2005 à 15h57 - par  Jean-Claude ROLLAND

Voir ici sur le blog de B. Devauchelle quelques éléments pour "mettre en évidence la rhétorique utilisée" par notre chaîne nationale.

Logo de Hervé B.
> France 2, Sauver les lettres même combat.
vendredi 18 novembre 2005 à 21h18 - par  Hervé B.

Au secours ! Elle est de retour !
A propos de l’omniprésente R.B extraits de entre autres de son "livre" : Journal d’un institutrice clandestine.

« Si j’entends un de mes élèves dire qu’il “n’aime pas les Noirs”, je le reprends devant toute la classe, et je le range ensuite avec le plus noir de la classe. » (Rachel Boutonnet, site "Sauvez les lettres")

« Je crois tout simplement qu’il ne faut pas leur demander de lire tant qu’ils [les élèves] n’ont pas appris à lire. » (p. 52)

« C’est la méthode « active ». On laisse les enfants patauger dans l’approximation, puis on leur donne les bonnes réponses. » (p. 162)

« Mais, à mon avis, loin de valoir en soi, le travail différencié n’a d’intérêt que pour permettre au maître de retourner au plus vite au travail en classe entière. Je trouve même qu’il ne fait que révéler des écarts qui ne devraient pas exister entre les enfants et qui sont parfois le fruit de défaillances pédagogiques antérieures. » (p. 249).

« Je peux aussi me fâcher fort à cause d’un élève qui peine à apprendre. Ma colère, dans ce cas, n’est pas plus dirigée contre l’élève directement. Autrement dit, je ne lui en veux pas de ne pas apprendre. Je m’attaque à ce qui, en lui, malgré lui, l’empêche d’apprendre. Je m’y attaque de façon d’autant plus virulente que je sens que la résistance est forte et que l’urgence est grande. Ma colère, dans ce cas, est le signe de mon acharnement à vouloir qu’il apprenne. » (p. 245-246)

« Je peux donner des tapes sur les fesses de ceux qui ne se décident pas à s’asseoir correctement. Je secoue parfois par les épaules ceux qui sont trop agités pour entendre les réprimandes. » (site de Sauvez les Lettres)

Mais on peut toujours en rire : http://www.lebulletinpmev.com/artic...