ORGEMONT : le droit à un avenir

samedi 18 novembre 2006
par  Y.Trigance
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Au-delà du caractère inacceptable et gravissime du guet-apens dont ont été victimes les policiers d’Epinay S/Seine le 13 octobre dernier, il nous faut collectivement et sans concession prendre la juste mesure de ce que traduisent de tels événements.

Le quartier d’Orgemont n’échappe pas à la règle : de tels actes sont quasiment toujours commis dans des quartiers qui cumulent d’importantes difficultés sociales (logement, santé, cellule familiale) et économiques (emploi, formation, insertion).

Les familles qui vivent à Orgemont et qui très souvent veulent y rester se sentent reléguées au ban de la République qui n’y assume plus ses fonctions régaliennes notamment , mais pas seulement, en matière de sécurité.

Le démantèlement de la police de proximité spinassienne qui avait su instaurer un climat proche du respect et de la confiance réciproque , les sous-effectifs du poste de police du quartier au profit de brigades d’interventions médiatisées génèrent une tension et une défiance croissantes entre jeunes et policiers.

Les réseaux de solidarité associatifs et citoyens qui introduisaient une dimension éducative de proximité, voire de convivialité, n’ont pas recouvré les moyens nécessaires à leur fonctionnement optimal, fragilisant ainsi un équilibre construit avec le temps et les moyens.

L’Ecole publique constitue encore un repère essentiel pour les parents qui, contrairement aux clichés trop facilement répandus et entretenus, n’ont pas démissionné de leur rôle et qui placent en l’Ecole une confiance résolue pour la réussite de leurs enfants. C’est en ce sens que toute mesure visant à retirer des moyens aux écoles du quartier pénalise les familles et donne l’image d’un renoncement institutionnel à éduquer les jeunes.

Une fois ce diagnostic posé, les voies à explorer et à privilégier sont claires : priorité à l’Ecole et à l’éducation au sens large du terme, priorité à une police de proximité qui puisse assurer son rôle de prévention et de sécurisation, priorité à une politique associative favorisant l’implication sociale et citoyenne, priorité enfin à une politique de l’emploi et du logement pour finalement répondre à un objectif simple : remettre le quartier au cœur de la République.

Tel est le prix à payer car à Orgemont aussi, les familles ont droit à un avenir.

Yannick TRIGANCE- Directeur d’école à Epinay S/Seine, quartier d’Orgemont