Présentation de la PMEV

mardi 23 décembre 2003
par  H. Bidault
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Une autre façon de travailler :
La PMEV

La PMEV, (Pédagogie de maîtrise à effet vicariant) c’est le nom donné à une pratique de classe, débutée en Nouvelle Calédonie, impulsée par Michel Monot, IEN à Nouméa.

Effet vicariant est ce que l’enfant peut apprendre en marge du discours du maître.
Il est donc nécessaire d’être en présence d’enfants sachant des choses et d’autres ne les sachant pas. Ce système valorise donc les classes hétérogènes, de double niveau... Ce qui peut sembler être un inconvénient devient enfin un avantage.
L’enfant peut observer, regarder ceux qui savent déjà faire ou qui sont en train de faire.
Il est nécessaire que le savoir-faire des élèves soit mis en évidence pour les autres : ce qui se produit dans un temps de discussion appelé bilan.
L’apprentissage vicariant est un apprentissage étayé. C’est en prenant peu à peu des repères sur ses camarades que l’élève va finalement mener à bien la tâche qui lui était initialement inaccessible.
L’élève doit d’abord se représenter la tâche à effectuer, faire le tri entre ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas encore faire, accomplissant un travail métacognitif qu’il appartient alors à l’école d’accompagner en l’étayant.

Mise en application

Les périodes
L’année scolaire est divisée en périodes de 1 à 4 semaines (nommées mini-périodes) selon l’âge des enfants. Durant une période, l’enfant a un certain nombre de compétences à travailler. Tous les élèves ont les mêmes compétences à travailler.
A l’intérieur de cette mini-période, les enfants travaillent les compétences dans l’ordre souhaité, avec l’objectif que toutes les compétences soient abordées.
Les élèves les plus rapides en feront plus. Mais la mini-période permettra qu’ils ne prennent pas trop d’avance. Lorsque les plus lents aborderont certaines compétences, les autres les auront encore en tête.

La mi-journée est divisée en 3 temps :

- 1 - un temps de travail individuel (TI) : c’est le travail sur les fiches, que l’élève choisit. La durée varie en fonction de l’âge (pour mes CM1/CM2 il dure environ 1 heure).

- 2 - le bilan : les élèves (après inscription) viennent présenter leur travail, c’est à dire les fiches qu’ils ont effectuées, à l’ensemble de la classe :
Les "experts" fournissent ainsi aux "novices" des indices, des informations, qui vont leur permettre de pouvoir effectuer des tâches qui leur étaient inaccessibles au début de la période. Pour les "experts", c’est d’un véritable travail de reformulation et d’expression orale qu’il s’agit. Ici l’enseignant n’a que peu d’interventions de nature pédagogique.
Les « novices » demandent de l’aide à l’ensemble de la classe qui ne doit pas fournir de réponse mais aiguiller, reformuler voire proposer des exemples...
Le maître doit effectuer un rigoureux travail de pointage des fiches effectuées par chacun, pour mesurer la progression de la classe. Une même fiche peut être présentée plusieurs fois pendant une mini-période. Il est important que le bilan vienne répondre à des interrogations au sujet d’une fiche que l’élève a vue mais qu’il n’a pas su faire.

- 3 - Les leçons n’ont pas disparu : elles ont lieu quand le besoin s’en fait ressentir. C’est le 3ème temps.

Effets constatés

Pour ma classe de CM1/CM2, les enfants ne veulent absolument pas revenir au système des leçons.
Après un début d’année parfois difficile pour certains élèves (nouveau fonctionnement, il faut aller chercher le travail et non l’inverse, certains font de la conjugaison alors que d’autres font de la géométrie...), le gain en autonomie est déjà très important, les élèves les plus avancés ne s’ennuient pas car le plan de travail pour chaque mini période est assez conséquent pour eux et les enfants davantage en difficultés semblent moins perdus car « aidés » lors des moments de bilan.
Il est clair que ceux ci ne peuvent terminer leur plan de travail mais le contrat est de travailler chaque compétence, ce qu’ils font dans la très grande majorité. De plus, les bilans permettent aussi de voir des notions que tout le monde n’a pas encore travaillées et cela est souvent positif lors des évaluations de fin de mini période.
La correction des fiches est individualisée, chaque enfant qui en a terminé une doit venir au bureau se faire corriger, ce qui constitue une sorte de « mini bilan ».
Trois possibilités :
-  L’exercice est réussi, l’enfant reporte sa « note » (vert, orange ou rouge) sur son plan de travail et peut aller choisir une autre fiche.
-  Il y a des erreurs : l’enfant va corriger et revient pour être noté.
-  Malgré cela, il reste de nombreuses erreurs : j’invite l’enfant à s’inscrire au bilan (mais généralement c’est déjà fait) et à choisir une autre fiche.

Un autre avantage : je n’ai presque pas à faire de discipline, chaque enfant sachant ce qu’il a à faire pendant le TI et le moment de bilan est souvent bien plus silencieux qu’une « leçon » classique !
Un inconvénient (il y en a sûrement d’autres) : il faut passer beaucoup de temps à préparer les fiches pour chaque mini période.

Pour cet article, je me suis largement inspiré (avec leur autorisation) du site http://www.lebulletinpmev.com/



Commentaires  Forum fermé

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> Présentation de la PMEV
lundi 28 mai 2007 à 14h14 - par  Phil

Bonjour.
Tu indiques un travail sur fiches pour les CM1/CM2 de 1 heure, suivi d’un bilan.
Ces fiches sont-elles différenciées pas niveau... jamais, parfois, toujours ?
Ce bilan est-il collectif aux deux niveaux ?
Tu utilises ce "système" de travail individuel 1 heure par jour (pour français/maths), ou bien également pour les autres matières... et donc plusieurs fois dans la journée ?

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lundi 28 mai 2007 à 17h37 - par  Hervé Bidault

Bonjour,
ma pratique évolue... J’ai finalement abandonné le travail sur fiches pour un système de journal qui reprend les exercices d’une période. Chaque enfant a ainsi un journal de 4 pages qui comprend textes et exercices.

J’ai mis en place 3 niveaux de difficulté pour que chacun s’y retrouve. Les CM1 doivent plutôt travailler le niveau intermédiaire mais rien n’empêche d’aller faire un tour au dessus si l’on se sent à l’aise ou en dessous en cas de difficulté. Idem pour les CM2 qui doivent normalement travailler le niveau supérieur...

Le bilan est collectif aux 2 niveaux car chacun possède des connaissances à transmettre, peu importe la "classe".

Je ne pratique pas vraiment la PMEV pour les autres matières pour le moment. Je cherche, me renseigne, expérimente... Mais j’essaie de conserver l’esprit du bilan qui apporte beaucoup.

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