L’école maternelle en danger
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L’école maternelle en danger .
Notre école maternelle vit un étrange et dangereux paradoxe : considérée comme une des meilleures au monde, observée, étudiée par bon nombre de pays qui nous l’envient, elle n’en reste pas moins menacée dans son existence et dans sa pérennité.
Véritable lieu d’éducation des individus, de socialisation, de construction de la citoyenneté, fondée sur les valeurs de solidarité, d’égalité, de coopération, de responsabilité, l’école maternelle s’attache à permettre à chaque enfant de développer le maximum de ses potentialités, de construire ses connaissances et ses apprentissages.
C’est en ce sens qu’elle constitue un formidable outil de lutte contre les inégalités notamment en zone rurale mais aussi dans les quartiers défavorisés , en zone d’éducation prioritaire où la demande de scolarisation est forte et où l’accueil des enfants de moins de trois ans devrait être une priorité.
Et pourtant, force est de constater que notre école maternelle est aujourd’hui menacée. Les restrictions du budget de l’Education nationale retombent directement sur le fonctionnement de l’école maternelle qui , très souvent ,devient une variable d’ajustement de la carte scolaire.
Prenons l’exemple de la Seine-Saint-Denis, département lourdement frappé en cette rentrée par les mesures de restrictions : il y a encore trois ans, 28% des enfants de moins de trois ans y étaient scolarisés .En cette rentrée, ce pourcentage est tombé à moins de 10% avec des villes à 0% !
Pire encore : ce sont aujourd’hui des enfants âgés de trois ans et plus qui ne sont toujours pas scolarisés faute de places dans les écoles !
Dans ce contexte, il nous faut plus que jamais réaffirmer que le temps passé à l’école maternelle a une incidence positive sur la scolarité ultérieure des enfants.
Créer des postes pour résorber les listes d’attentes et abaisser les effectifs, adapter les locaux, les restaurants scolaires, réaménager le temps de l’enfant, former de manière spécifique les enseignants mais aussi les agents spécialisés : autant de conditions nécessaires pour que l’école maternelle poursuive son élan et garantisse l’égalité des chances.
Mais allons plus loin encore et proposons que l’école maternelle, à l’instar de l’école élémentaire, devienne obligatoire dès l’âge de trois ans.
Cette mesure aurait un double avantage : elle obligerait l’Etat à créer les postes nécessaires et les collectivités locales à construire les locaux scolaires, à la condition que les communes les moins riches bénéficient de mesures spécifiques permettant le financement de ces constructions.
C’est alors, et alors seulement que l’Ecole de la République témoignera de sa volonté de donner à chacun, dès la petite enfance, la possibilité de s’engager sur le chemin de la réussite.
Yannick TRIGANCE (Epinay S/Seine, Seine-Saint-Denis)
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