Le chat, la belette et le petit lapin

lundi 11 avril 2005
par  Philippe Rocher
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LE CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN

Du palais d’un jeune lapin
Dame belette, un beau matin,
S’empara : c’est une rusée.
Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates, un jour
Qu’il était allé faire à l’aurore sa cour,
Parmi le thym et la rosée.
Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Jeannot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La belette avait mis le nez à la fenêtre.
« Ô Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ?
Dit l’animal chassé du paternel logis.
Holà ! Madame la Belette,
Que l’on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays. »
La dame au nez pointu répondit que la terre
Etait au premier occupant.
C’était un beau sujet de guerre
Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant !
« Et quand ce serait un royaume,
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l’octroi
À Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi. »
Jean Lapin allégua la coutume et l’usage.
« Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui, de père en fils,
L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis.
Le premier occupant, est-ce une loi plus sage ?
- Or bien, sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis. »
C’était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l’agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa majesté fourrée.
Grippeminaud leur dit : « Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. »
L’un et l’autre approcha, ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu’à portée il vit les contestants,
Grippeminaud, le bon apôtre,
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux rois.

Jean de La Fontaine, Fables, Livre VII, 15.


SOURCE

Pilpay : D’un chat et d’une perdrix


Documents joints

Le Chat, la Belette et le petit lapin
Jean de La Fontaine. Livre VII, fable 16.

Commentaires  Forum fermé

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> Le chat, la belette et le petit lapin
lundi 24 avril 2006 à 18h25 - par  maty

bonjour je dois faire une analyse du chat dans cet fable et je n’arrive pas pouvez vous m’aider

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lundi 24 avril 2006 à 19h05 - par  Philippe Rocher

Ce chat est un juge : comment est-il décrit ? donne-t-il confiance ? comment rend-il la justice ? à qui est-il comparé ? quel autre animal aurait pu facilement le remplacer ?

il me semble par aillleurs très intéressant d’étudier toutes les façons dont le chat est désigné dans cette fable et de faire une recherche sur l’origine de tous les noms propres .

voilà, je n’en dirait pas plus !

> Le chat, la belette et le petit lapin
dimanche 11 décembre 2005 à 14h17

est ce que vous pouvez m’aider s’il vous plait. J’ai un commentaire de texte du "chat,la belette et le petit lapin" et je narrive pas a trouver les axes,les grandes parties. svp c’est pour demain.merci davance. Mon adresse c marilor1707@hotmail.fr

dimanche 11 décembre 2005 à 16h35 - par  Philippe Rocher

vous pouvez allez voir à cette adresse : http://www.chez.com/bacfrancais/chatbelette.html

et réfléchir sur
1/la justice, son indépendance, les critères de la loi et le statut du droit, coutume ou autre... (on a un délit, un vide juridique concernant le droit de propriété, à qui s’en remettre ? ...). En quoi cette fable est le temoin d’une époque où le droit et la justice étaient encore dépendants du bon vouloir des princes et des puissants...
2/l’écriture de la fable : dialoques, argumentation, plaidoiries... au service d’une situation exemplaire.