Synthèse du Débat pour l’école : J.J. Rousseau le 6 décembre 2003

lundi 5 janvier 2004
par  Réseau Eppée
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Discussion sur le constat

Interrogations sur les conditions du débat :
La loi peut-elle être faite par un logiciel comme cela semble annoncé ? Y a-t-il des chances pour que les propositions qui seront faites soient prises en compte quand on voit la façon dont été ignorées les revendications exprimées en mai-juin derniers ?

03 Vers quel type d’égalité, l’École doit-elle tendre ?

Selon les communes, les moyens affectés aux écoles sont différents. L’Éducation nationale n’est pas réelle car il y a des dotations différentes suivant les communes. De plus, si le ministère affecte des moyens supplémentaires aux écoles situées en zone d’éducation prioritaire, les collectivités locales ne sont pas tenues d’en tenir compte.
Au delà de ces différences, il y a la diversité des quartiers qui pose la question de la mixité sociale. Les effets de la loi Gayssot sur l’habitat social n’ont pas les effets attendus, certaines communes préférant avoir une amende plutôt que de construire des logements sociaux. Le retour à la mixité sociale consisterait à diminuer le nombre de logements sociaux dans les quartiers où la paupérisation grandit.
Le principe de la carte scolaire (sectorisation) reposait sur celui de la mixité sociale mais aujourd’hui, ce principe de l’hétérogénéité des élèves se retourne vers l’homogénéité dans certains quartiers.
La mixité sociale dépend de la politique des communes et de l’État. Aussi le débat sur l’école s’ancre-t-il sur celui de la société ; débattre de l’école c’est débattre de la société ; il n’y a pas de dichotomie entre l’école et la société. L’école est à l’image de la société et la prépare à demain ; si celle-ci évolue, si le contexte change, l’école change aussi.
Le débat sur l’école ne doit pas la stigmatiser et lui faire porter la responsabilité de tous les maux de la société, mais lui permettre de prendre en compte les différences et les évolutions pour assurer à tous les élèves le meilleur enseignement.
Si l’école a toujours accueilli les différences par l’ouverture, les échanges, des propositions tendent aujourd’hui à nous ramener en arrière (la blouse) à induire une ghettoïsation (remise en cause de la mixité filles-garçons), à conduire à l’obscurantisme.
Aujourd’hui, les différences sociales, culturelles, construisent un nouveau contexte ; c’est dans ce contexte social qu’il faut placer le débat sur l’école, sur ses missions, sur ses acteurs parents, enfants, enseignants et sur les moyens.
Le débat sur l’école ne peut être tronqué, il faut poser les questions « où va l’école, où va la société ? », avoir un discours cohérent : quelle école pour quelle société ? quelle école de demain dans quelle société de demain ? Former des citoyens pour quoi faire ?
C’est pourquoi il y a une forte demande de débat sociétal et aussi une forte inquiétude sur la capacité du législateur à écouter et prendre en compte nos propositions, des revendications exprimées en mai-juin 2003 au logiciel traitant des débats. La loi se fait-elle par rapport à un ordinateur, est-elle déjà faite ou se fera-t-elle avec les citoyens ?

12 Comment les parents et les partenaires extérieurs de l’École peuvent-ils favoriser la réussite scolaire des élèves ?

L’école et les parents font la société de demain ; ensemble enseignants et parents sont partenaires dans la vision portée par les enfants sur l’école ; ce partenariat est à renforcer.
La loi d’orientation de 1989 a donné aux parents un statut. Mais au delà d’un constat de déficit (désintérêt, décharge sur l’école de l’éducation, faible participation aux réunions, faible implication) comment avancer pour tenir compte du nombre de familles issues de l’immigration, isolées, paupérisées, se rendre compte de la réalité des conditions d’enseignement, des apprentissages effectués à l’école ?
Par un dialogue plus important entre parents et enseignants, par une systématisation des contacts directs, d’autres moyens que les réunions, une journée obligatoire à l’école, une campagne de sensibilisation sur le rôle de l’école, des initiatives innovantes pour que parents et enseignants se rencontrent et agissent conjointement en faveur des missions de l’école : éduquer, instruire, former
Et aux rôles respectifs des parents et des enseignants.

02 Quelles doivent être les missions de l’École, à l’heure de l’Europe et pour les décennies à venir ?

L’école doit-elle instruire et ne pas éduquer ?
L’Éducation nationale, service public, ne s’appelle pas instruction ; elle a pour missions d’enseigner et de former des citoyens capables de savoir et de réfléchir. D’ailleurs, l’éducation à la citoyenneté est inscrite dans de nombreux projets d’école.
Les enseignants sont-ils instructeurs et éducateurs ?
Participants à l’éducation des élèves, tout comme les animateurs de centres de loisirs, les enseignants ne sont pas étrangers à l’enfant et sont co-éducateurs. Enseignants, transmetteurs de savoirs, de valeurs, d’une culture les enseignants instruisent.
Si le terme co-éducateur est à retravailler, le souci de prendre en compte tous les élèves concerne tous les enseignants et pose le problème des moyens pour placer l’élève au centre du système éducatif.
Comment respecter les rythmes de l’élève, leurs différences dans les apprentissages, la durée de leur travail ?
Les activités de l’école dépassent les 35 heures...
Les cycles organisent, au travers des programmes officiels, les apprentissages sur 3 années. Ces cycles renforcent-ils les apprentissages ou les différences ? Le bilan de la mise en place des cycles est à faire. Le refus par les familles ou par les enseignants du « doublement » du CP n’est-il pas source d’échec au collège ?
Comment faire en classe, comment enseigner quand les écarts se creusent ? Y a-t-il risque de garderie ou faut-il mettre en place une réelle pédagogie différenciée ?
Le rôle réaffirmé de l’enseignant est d’adapter, de différencier sa pédagogie. Mais cela demande une formation initiale et continue d’une autre qualité que celle existante aujourd’hui à l’IUFM et des moyens humains supplémentaires à l’interne de l’école (ex : les aides-éducateurs, les maîtres supplémentaires...) et à l’externe (les associations travaillant avec les parents et les enfants)


Animateur : A. Izzet - Coordonnateur REP
Rapporteur : B. Pommier - CPC

Lire aussi Prorités pour l’école : Synthèses des 3 débats du 6 décembre 2003