Circulaire sur l’enseignement de la grammaire

Idéologies en action
mercredi 31 janvier 2007
par  Jean-Claude ROLLAND
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Circulaire sur l’enseignement de la grammaire :

La circulaire sur l’enseignement de la grammaire publiée en encart dans le B.O. du 18 janvier 2007 invite les enseignants du primaire à consacrer trois heures par semaine à cette discipline alors que le B0 du 14 février 2002 prévoyait pour la grammaire, la conjugaison, l’orthographe et le vocabulaire de 1h30 à 2h.

- Extraits du discours du ministre suite au rapport de mission d’Alain Bentolila

« L’ordre juste : c’est l’ordre des mots, celui qu’enseigne la grammaire ! Un ordre qu’elle nous apprend à utiliser à notre profit, pour nous exprimer mieux, et plus efficacement.
Mais évidemment, il faut acquérir cette compétence méthodiquement. Car il en va aussi de notre capacité à raisonner ! »

« En supprimant les leçons de grammaire, on a vidé cet enseignement de toute sa rigueur, on a rendu difficile voire impossible une acquisition logique et progressive des règles. En un mot, on a perdu en rigueur et donc en efficacité. On a rendu impossible l’acquisition des automatismes qui font l’agilité intellectuelle. Voilà comment avec des objectifs forts, on a suscité une pratique faible et décourageante ! C’est là le résultat d’une idéologie qui prétend qu’on apprend sans effort, qui donne dans la facilité, qui trompe ! »

« Aujourd’hui, l’enseignement de la grammaire est un apprentissage occasionnel. Il se fait un peu "au petit bonheur" : quand on travaille un texte, alors, au détour d’une phrase, le maître explique par exemple la fonction du sujet, ou celle du verbe. C’est ce qu’on appelle, dans le jargon de certains pédagogistes, l’"observation réfléchie de la langue" ! »

Qui est idéologue ? « jargon de pédagogiste » dites-vous ? Mais ce sont les programmes de 2002 qui introduisent cette manière de travailler, les auteurs, mais aussi tous les chercheurs et les enseignants seraient-ils tous de dangereux soixante-huitards attardés et pédagogistes ? Après la lecture et l’ordre des apprentissages (la lettre, le son, le mot, la phrase), cet ordre juste ne serait-il pas que « juste de l’ordre » ?

Apprentissages des règles de grammaire ?

Reprenons un extrait d’un texte de Charmeux ici :

D’abord, parce que le principe même de l’enseignement de la grammaire, le même depuis la grammaire de Lhomond et celle de Port Royal, est d’enseigner des règles à appliquer dont la légitimité est nulle. Aucune instance ne les a posées, ne les a écrites : rien de commun avec les lois qui régissent notre vie sociale. Celles-ci sont écrites ; elles sont le résultat du travail de personnes élues pour cela, dont je peux vérifier la légitimité.Ce n’est pas du tout le cas des règles de grammaire, ou d’orthographe. La langue française, comme toute autre langue, est un fait social, vivant sa propre vie, qui fonctionne pour permettre la communication orale et écrite, de manière du reste assez différente d’une époque à l’autre, et cela sous des influences diverses qui n’ont rien à voir avec la volonté des uns ou des autres.
Pour pouvoir utiliser cet outil, il va de soi qu’il faut l’observer et étudier comment il fonctionne. Exactement comme tout autre fait social, ou naturel, qui, tous, relèvent des sciences d’observation. Aucun enseignant de sciences n’enseigne les « règles » de la botanique. Il fait observer les plantes, prélever des échantillons, essayer de les classer en recherchant des critères permettant ce classement ; il fait pratiquer des observations dans l’espace et dans le temps, afin de comprendre les lois de leur survie, les causes de leurs maladies et de leur mort, et comment elles ont évolué.
Maîtriser la langue que l’on parle, cela implique pareillement que l’on ait compris comment fonctionnent les productions langagières, à quelles conditions elles permettent la communication, quelles sont les causes de leurs échecs, comment elles sont reçues dans la société, et comment elles sont produites.
On voit que les règles sont alors des règles de fonctionnement, qu’elles répondent à la question : « comment ça marche ? », et n’ont rien à voir avec des règles prescriptives à appliquer.

- Extraits de la circulaire :

« À l’école 3 heures minimum hebdomadaires, au collège 1 heure 30 hebdomadaire, doivent être consacrées à l’enseignement de la conjugaison, de la grammaire et de l’orthographe grammaticale, du vocabulaire. »

« L’enseignement de la grammaire obéit à une démarche organisée et programmée qui invite l’élève à l’analyse, à la manipulation d’éléments linguistiques divers (des sons et des graphies, des mots, des phrases puis des textes). »

« L’analyse grammaticale des phrases constitue l’objectif essentiel de l’enseignement de la grammaire à l’école élémentaire et au début du collège. »

« Les arrêtés modificatifs des programmes qui seront prochainement publiés fixeront une terminologie commune avec un souci de simplification qui n’exclura pas la rigueur, mais aussi avec un souci de continuité tout au long du cursus de la scolarité obligatoire. »

Il sera donc nécessaire de modifier l’arrêté du 25 janvier 2002 répartissant les horaires d’enseignement à l’école. Quels champs disciplinaires verront leurs horaires réduits ? Littérature, vie collective, Arts, Education phyqique ... ?

- Lire sur le site d’Eveline charmeux
- et le document d’accompagnement sur l’ORL qui n’est jamais paru


Commentaires  Forum fermé

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> Circulaire sur l’enseignement de la grammaire
lundi 12 février 2007 à 19h05 - par  selim sivad

Si je puis me permettre, je crois que ce qui dérange surtout notre ministre dans l’ORL, c’est la lettre « R » ! « Réfléchie »... Un élève qui réfléchit trop ça ne fait pas un bon consommateur (ce qui est mauvais pour notre économie), ça ne regarde pas TF1 et donc ça vote moins à droite !